Plastique ou bois ? - Part. 2

(Je continue mon article dans mon style provocateur avec l’intention de stimuler nos lecteurs de se pencher davantage sur les vraies choix qui s’impose. Vous êtes invités de nous envoyer vos réactions à kascornemuse@gmail.com )

Malheureusement nous dépendons trop des assertions des luthiers concernant le matériel utilisé, et ceci s’applique aussi bien au bois qu’au plastique ; combien de fois nous sommes invités à nous extasier devant les noms d’une allure scientifique rassurante (polypenco, delrin etc.) et en ce qui concerne le bois c’est toujours le « meilleur » qui est sélectionné….ils ne peuvent pas dire autrement...quant à nous, ces sons enchanteurs trouvent assez vite un écho dans nos portefeuilles. On retrouve le même genre de mantra-marketing dans le terme « qualité tonale » appliqué au différents bois. Ce terme s’insère discrètement lorsqu’on fait l’éloge du bois et il se trouve souvent dans les commentaires des luthiers engagés à produire d’autres instruments à bois tels que les clarinettes et hautbois. Il existe des expériences scientifiques effectuées sur le phénomène « tonal quality » très généreusement étalées sur le Net. Une expérience en particulier est assez intéressante de notre point de vue car elle met à l’épreuve la capacité des sonneurs de distinguer les qualités en question mais surtout de se prononcer sur le matériel utilisé dans la confection de l’instrument. Pour ce faire utilise des notes obtenues d’une clarinette en bois, une deuxième en plastique et un « whistle » produit en usine. Les musiciens, les yeux bandés, furent invités d’identifier les instruments….aucun ne s’est montré capable de distinguer entre les trois matériels ! Pourtant on trouve dans le vocabulaire des musiciens des termes comme, chaleur /  métallique/ froid/  mort/ vivant, et ainsi de suite. Il est vrai que ses réactions pourraient être dues aux effets des harmoniques ou « overtones », mais je ne suis pas qualifié de juger bien que je reconnaisse que la présence des harmoniques surtout en ce qui concerne la cornemuse est de première importance. On pourrait ajouter que les harmoniques sont liés aux principes de la science physique du son et sont le résultat des interactions sonores telles que le son des bourdons contre le son du chanter. Mais dans ces conditions, est-que le matériel de construction est d’importance, surtout étant donné la subjectivité des appréciations des sonneurs ?

Quant au bois, le côté « traditionnel » prend le dessus. Après tout, ce fut le matériel des anciens luthiers dont les secrets de manufacture ont ajouté largement au respect de leurs clients passés et présents. A la fois, des méchants langues n’hésitent pas à critiquer le manque de respect pour l’art des anciens et du coup il faut entendre que les producteurs en série qui travaillent avec le plastique ne sont pas nécessairement sur la bonne voie. Force est de constater cependant que les instruments « ratés » des maîtres n’ont pas survécu et que c’est seulement leurs succès qui s ‘étalent devant nous actuellement….pourquoi pas ?

Le procédures de la manufacture n’ont jamais été  aussi exacte qu’à l’heure actuelle. Les cotes exactes des instruments sont à la portée des des plus grands producteurs qui disposent des tours numériques et des machines à percer de grande précision. Ils arrivent à faire des instruments qui correspondent à leurs projets les plus exactes. Mais pour revenir au plastique ; ce matériel se prêt royalement à une production numérisée et les répliques exactes sont bien possibles….mais pour le moment (Pierre Blanchet à part) les luthiers se limitent à des répliques en bois sans doute par ce qu’ils peuvent demander davantage d’argent pour ce produit « noble » par rapport au plastique.(moins noble) Pourtant la stabilité du plastique est indéniable et reste inchangé à moins de l’effleurer avec un chalumeau ! Aussi, avec le plastique, chaque cornemuse devrait être absolument pareille. Cet avantage a déjà été mis à la disposition du sonneur normal avec l’avènement des chanters en plastique. Les chanters en plastique représentent pour moi l’objet le plus démocratique dans le monde de la cornemuse que l’on a jamais connu. A l’époque des chanters en bois, la sélection des plus performants avaient été déjà faite plusieurs fois, avant d’arriver à la vente devant le grand publique. Les luthiers en premier sélectionnaient pour leurs agents, souvent des solistes de haute réputation qui garantissaient une sélection impeccable pour leur client sonneur prêt à payer un peu plus, et même les directeurs des magasins mettaient à côté une sélection pour leur clients exigeants….(il en était de même pour les anches)..et nous, le grand publique dans tout cela ? Avec le chanter en plastique une série devrait être complètement uniforme étant donné la précision de sa production.

Mais il existe un vrai problème pour les producteurs. Comment mettre en valeur leur production en plastique tout en louant la « supériorité » du bois. Je dois avouer que je retire beaucoup de plaisir à les voir passer de la « com » sur le plastique et d’arriver à louer le bois, mais en évitant de dévaloriser le premier ! Il y a une solution paraît-il, le plastique c’est l’instrument d’étudiant, à l’usage des débutants…..vraiment ? Je termine en vous citant les propos d’un des premiers sonneurs canadiens de gagner la médaille d’or à Inverness. Il se posait la question s’il devait communiquer aux juges qu’il avait gagné la médaille avec un instrument entièrement en plastique mais il a choisi de ne pas menacer leur tranquillité.

Dans la prochaine et dernière partie de cet article, je vais commenter sur les paramètres qui jouent dans le choix d’un instrument en plastique.

Andrew