La cornemuse, maintenance

Je suis persuadé qu’au moins 60% de l’art du piping provient du bon entretien de l’instrument ; pourtant combien de sonneurs ignorent ce simple fait. Il faut avouer que de nos jours la tâche est rendue beaucoup plus facile que par le passé en raison du matériel synthétique de tout genre. Passons en revue les différents facteurs.

Les fuites

De loin le pire ennemi du sonneur est la fuite qui peut  tout compromettre, d’être à l’aise avec l’instrument jusqu’au son même. On se doit de visiter régulièrement les sources des fuites. Commençons avec la poche synthétique (je traiterai de la poche en cuir ultérieurement). Dans ce cas, les fuites se manifestent :

Comment sait-on, qu’on a une fuite ?

La poche n’est plus ferme et solide, et on est appelé à fournir un effort démesuré.

La première chose à faire c’est d’enlever les bourdons, le chanter et la housse (le soutel reste en place). Bloquer les souches avec des bouchons (la bonne taille, et pas percés !)

Souffler dedans jusqu’à ce quelle soit complètement gonflée.

Vérifier qu’il n’y a pas de fuite par le soutel. Une bonne soupape comme le Mosse Valve élimine tout de suite cette complication.

Si la poche se dégonfle tout de suite…. vous avez une, ou plusieurs fuites.

 Commençons avec la poche synthétique (je traiterai de la poche en cuir ultérieurement). Dans ce cas, les fuites se manifestent :

• Au niveau du tissu : difficile à détecter car l’immersion dans l’eau pour repérer les bulles est strictement déconseillé car la colle utilisée entre le fabrique et les cols peuvent être endommagé. (En tout cas les fournisseurs déclarent la garantie invalide dans ces circonstances.) Il faut écouter de très près car non seulement le son va trahir le défaut mais aussi le jet d’air sur le visage peut se fait sentir facilement.
• Une poche équipée d’une fermeture éclaire mérite une attention spéciale. Souvent le débutant ne ferme pas correctement le zip qui doit entrer dans « le bon port » avec un petit « click ». Souvent la cause de cette fuite est due au fait que le zip n’est pas bien lubrifié et le sonneur a du mal à l’opérer. Il faut conserver soigneusement le petit tube de lubrifiant fourni avec la poche. Il ne s’agit pas d’une application généreuse, mais plutôt d’une traînée de quelques petites traces sur les « dents » du zip.
• Les fuites dans le tissu même sont heureusement, très rares, mais pas à exclure. Dans ce cas  il faut remplacer la poche car les réparations sont presque impossibles à effectuer.
• Passons maintenant aux cols. Prendre un peu de produit pour laver la vaisselle sur un doigt et passer le autour du joint entre la souche et le col. Des bulles vont trahir la présence de la fuite. Des fois, la fuite s’installe où le col entre en contacte avec le tissus. Encore une fois, le produit vaisselle est révélateur mais vous entendrez certainement un bruit. Si le joint entre le col est le tissus se révèle défaillant, l'achat d'une nouvelle poche s’impose car une réparation est impossible. 

Avant de quitter la poche avec ses bouchons en place et bien gonflée, il faut inspecter de très près les souches pour repérer des fissures dans le bois. Prendre le produit de vaisselle et l’appliquer à l’endroit soupçonné de fuite. S’il y a une réparation à faire, il faut la confier à un luthier expérimenté, beaucoup refusent car les résultats ne sont pas garantis… mieux vaut commander une nouvelle souche.

Il faut apporter une attention particulière au joint de la souche du chanter. Il est recommandé de suivre exactement le mode d’emploi du fournisseur en ce qui concerne le montage. N’hésiter pas à utiliser le collier de serrage en inox car quoique vilain d’apparence c’est le plus sûr moyen pour obtenir un joint à 100%. Après tout on peut le cacher avec un « pansement » en scotch noir ! Personnellement, j’utilise le même dispositif pour chaque joint de bourdon et du soutel pour avoir l’esprit serein, mais ce geste-là, je l’avoue, relève presque de la superstition !

Les Bourdons

La meilleure indication qu’il y a fuite au niveau du bas du bourdon et la souche est quand le bourdon tourne facilement dans la souche : souvent on repère celle-ci lorsque on accorde un bourdon et le simple fait de tourner la partie supérieur pour ajuster l’accord fait tourner le bourdon entier ! Il faut ajouter du fil jaune (de préférence ciré) pour que le bourdon soit fermement installé dans la souche…. mais pas trop car il faut assurer l'accès aux anches de bourdon. Deux ou trois fuites de ce type sont, parfois, équivalentes à l'alimentation d'un quatrième bourdon ! Il va de soi que l’on apporte la même attention au joint du soutel et au chanter.

Les poches cuir 

Dans le temps, et au moment de mon apprentissage, il n’y avait que des poches en cuir d’animal, notamment du mouton. Or il s’agit d’un matériel naturel et la peau de tout animal comporte des pores. Il faut créer un film à l’intérieur de la poche qui empêche l’air de fuir moyennant un des produits vendus commercialement à cette fin. Si vous soufflez régulièrement dans votre instrument, disons trois ou quatre fois par semaine, la salive et la chaleur de votre haleine vont maintenir le produit. Par contre, si vous laissez votre instrument pendant une longue période il va falloir « réactiver » le produit (seasoning) par une nouvelle application. En vieillissant, les pores peuvent s’élargir et le seasoning s’avère inefficace et dans ce cas vous avez bel et bien une fuite. Il n’y a rien à faire, il faut remplacer la poche. En plus, il faut passer en revu régulièrement l’étanchéité des joints des souches. La ficelle a tendance de se défaire et dans ces conditions une fuite très importante s’installe.